OASIS

(Glaneur),
Nous ne pouvons pas toujours facilement concevoir comment certaines productions artistiques apparaissent.
Les prémices du travail de Vincent Marquant se situent dans les allées d’une grande enseigne de bricolage ou dans une petite boutique qu’il sillonne, à la recherche d’un machin truc chose en plastique dont seuls certains artisans spécialisés sauront attribuer un usage.

Tandis que certains ont la nécessité d’une noble argile pour façonner une forme, Vincent Marquant se satisfait de bidules polymérisés.

(Geppetto),
Dans l’atelier, l’assemblage de ce qui a été récolté se précise.
Ni écrous, ni boulons, aucun point de colle, rien ne laisse transparaitre la manutention.

Tous ces agglomérats pourraient sortir d’une usine de farces et attrapes car malgré leurs apparentes perfections manufacturées, ils relèvent mois d’une savante ingénierie que de l’imagination d’un professeur Tournesol.

(Le jardin des délices),
Exposées, une faune et une flore fantastique s’hérissent. On pense alors à l’univers peuplé de Jérôme Bosch. Ici une silhouette ventrue digère lentement, au sol un équipage au nez pointu et cornu surfe sur roulettes, pendant ce temps au mur pendouille un estomac verdâtre, et la bas trône un cactus sadien en attente.

Ces « figurines » aux accents rabelaisiens semblent neuves, comme juste sorties de leur emballage.
On s’arrête, on s’approche des détails.

(Œufs de cochon en poudre),
Aucune allégorie morale de l’enfer ou du paradis imprégnée de la notion de péché circule dans les œuvres de Vincent Marquant mais la tentative de faire vivre (ensemble ou pas) des « figurines » qu’un laboratoire vaudou aurait décelé au microscope.

Si l’imagerie scientifique a depuis longtemps apporté la preuve que l’infiniment petit se composait d’un carnaval d’atomes piquants visqueux, de turgescences fluorescentes et de galaxies tourbillonnantes, le lointain est notre proche.
Vers l’infini et au-delà!

Fabien Soret – Mars 2023